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Photo du rédacteurAlexandra Perrodeau-Martin

Des souvenirs en héritage



Lorsqu’on me demande quel est mon travail, je réponds entre autres, que j’écris des récits de vie, « des quoi ? » est généralement la question qui suit immédiatement.


Voici donc en quoi consiste aspect de mon travail. Je m’attache à mettre en mots les souvenirs de la vie d’une personne, d’une famille, pour garder une trace écrite de leur histoire, au travers d’anecdotes, de photos, de chants, d’articles de presse, etc…Cette histoire ayant pour finalité de créer un lien entre les époques, d’où le titre de mon article.


Quand on y réfléchit, que nous transmettent les générations qui nous précédent : quelques biens matériels, de l’argent, des meubles, des photos, mais qu’en est-il des biens immatériels, de la mémoire ? « Tu te souviens de la recette du plat que nous mangions tous les dimanches ? », « Est-ce que nous ferions à l’heure actuelle 6 kms à pied pour aller à l’école ? »Ces questions ne sont qu’un infime aperçu d’une liste infinie.


Cette idée m’est venue de manière inconsciente suite à des événements personnels qui me sont arrivés, je ne saurai dire précisément à quel moment elle est devenue une évidence, toujours est-il qu’elle était là et bien accrochée.


Ce travail se déroule en plusieurs étapes qui aboutissent à « l’objet » récit de vie, un livre en général. Lorsqu’un client me contacte parce qu’il souhaite rédiger un récit de vie, je réalise un premier entretien au téléphone afin d’en savoir un peu plus sur son projet, ce dont il souhaite parler, (il est possible que la personne souhaite relater uniquement de sa vie professionnelle par exemple), cet entretien me permet d’établir un devis estimatif.


Une fois le devis accepté, je propose une première rencontre pour établir un lien de confiance afin que la parole se libère plus facilement au cours des entretiens à suivre. Le nombre d’entretiens varie en fonction des clients et des souvenirs qu’ils souhaitent transmettre, cinq entretiens seront suffisants pour certaines personnes, dix pour d’autres, il n’y a pas de règle prédéfinie mais un minimum de cinq entretiens permet déjà de recueillir de nombreux souvenirs.


Je propose généralement une rencontre d’une heure par semaine, quand les personnes sont âgées, cela me semble suffisant. La nuit qui suit le premier entretien peut parfois être agitée par la réminiscence des souvenirs. Les rencontres ont souvent lieu au domicile de mes clients et pour faciliter la discussion nous définissons le thème de discussion d’une semaine sur l’autre. Je viens avec mon petit enregistreur que je pose sur la table et c’est parti. A la fin de la première séance je leur fais écouter leur voix, leur réaction est souvent amusante.


De retour chez moi ce sont entre quatre et six heures de retranscription écrite qui m’attendent, en fonction du débit de paroles des personnes, certaines parlent lentement, d’autres articulent difficilement etc… J’ai pris le parti de garder la façon de parler des personnes, c’est-à-dire que je m’attache à rendre le texte à la fois authentique et « lisible ». Je souhaite qu’en lisant le récit, on « entende » la ou les personne(s) parler. Une fois la retranscription effectuée je l’envoie à mes clients pour relecture et modifications éventuelles dont nous parlons au début de la séance suivante ou lors d’échanges de courriel.

Lorsque nous pensons avoir fait le tour de tous les thèmes que mes clients souhaitaient aborder, je leur demande de réfléchir au titre qu’ils donneront au livre, de choisir des photos etc…pour que je puisse finaliser la mise en page avant impression.

Une fois que j’ai reçu le ou les livre(s), je prends un rendez-vous avec mes clients pour aller leur déposer et faire avec eux un petit bilan de leur expérience, leur ressenti, est-ce qu’il leur a été facile de se confier à une « inconnue ».

Voici quelques retours que j’ai pu avoir de la part de mes clients :

« Merci pour ton travail », « Une thérapie positive qui leur a permis de passer l’hiver », « Une expérience enrichissante… », « C’est un privilège d’avoir partagé ces moments d’évocation de souvenirs avec mes parents »

Bien sûr le récit de vie ne se limite pas à la famille, il peut être celui de la vie d’une entreprise ou d’une association. J’ai été amenée à recueillir le témoignage de la vie professionnelle principalement d’un ancien meunier pour une association de sauvegarde des moulins de Vendée. Ces témoignages sont le reflet d’une autre époque, mais on se rend vite compte que d’une période à une autre les aspirations des gens ne sont pas si éloignées que cela.


Les récits de vie sont une partie de mon activité, il m’est arrivé également de réaliser la mise en pages et l’édition de romans ou de recueils de poésie d’un auteur local, ainsi que la traduction d’un roman d’un auteur gallois membre du comité de jumelage Clisson-Cowbridge.


J’aime ce travail d’écoute puis de restitution, je me sens utile lorsque je le réalise


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